Jean Pierre Pantalacci
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Quels étaient les principaux enjeux des relations diplomatiques entre le Saint-Siège et la France sous l’Ancien Régime ?
L’enjeu principal me semble avoir toujours été la place et l’influence de l’Église de Rome au sein du royaume de France. Néanmoins cet enjeu n’était pas propre à la France, maisconcernait l’ensemble de l’Occident chrétien. N’oublions que le pape est un chef temporel mais aussi spirituel, et qu’à ce titre son autorité est reconnue et s’impose alors aux royaumes chrétiens.
Dans quelle mesure Pépin le Bref et Charlemagne ont-ils renforcé l’influence du Saint-Siège en Europe tout en assoyant leur propre pouvoir ?
La dynastie des Carolingiens a permis au 8è siècle la création des Etats Pontificaux, en donnant force et réalité au pouvoir temporel des pontifes, désormais dotés d’un véritableEtat territorial. C’est vraisemblablement l’origine du lien privilégié entretenu avec laFrance.
Quel a été l’impact du transfert de la papauté à Avignon au XIVe siècle sur les relations franco-pontificales ?
Les papes d’Avignon seront sous la tutelle des rois de France, d’ailleurs tous seront français. Au sein du collègue cardinalice, le « parti français », comme on l’appelle alors, est majoritaire et il sera à l’origine de la crise du Grand Schisme qui va déchirer l’Occident chrétien au retour des papes d’Avignon, pendant près de 50 ans.
Quelles ont été les conséquences du Concordat de Bologne signé par François Ier avec le pape Léon X en 1516 ?
Ce Concordat abroge la Pragmatique Sanction de Bourges qui régissait jusque là lesrelations entre Rome et le Roi de France. Pour François Ier, en 1516, tout auréolé de savictoire à Marignan l’année précédente, il s’agit de mieux affirmer son autorité sur l’Églisegallicane face au pontife romain.5. Pourquoi Henri IV a-t-il été le premier chef d’État français à recevoir le titre de Chanoined’Honneur de la Basilique Saint-Jean-de-Latran, et que symbolise cette tradition ?(Réponse déjà donnée). C’est naturellement un titre honorifique !
Quel fut le rôle de Napoléon III dans l’unification italienne et ses conséquences sur la relation avec la papauté ?
Il est certain que le rôle joué par Napoléon III dans l’unité italienne fut majeur et déterminant. L’alliance avec le royaume de Piémont-Sardaigne fut le moteur duRisorgimento. Toutefois, en politique intérieure, l’empereur était lié et sa position vis-à-visdu pape conditionnée par l’opinion publique en France, majoritairement catholique. Defaçon plus anecdotique, le pape Pie IX était le parrain du Prince Impérial ! Dès lors, le choix des Italiens d’« aller jusqu’à Rome » et de faire de la Ville Sainte la capitale du jeune royaume proclamé en 1861, ne pouvait que rencontrer l’opposition de l’empereur. Une garnison française fut d’ailleurs installée à Rome pour la défense de Pie IX, garnison quine quittera la ville qu’après la défaite de Sedan en 1870, rendant ainsi possible l’entrée des troupes piémontaises.
Comment la prise de Rome en 1870 et la fin des États pontificaux ont-elles changé les rapports entre la France et le Vatican ?
Après 1870, le nouvel interlocuteur des papes, en France, est la IIIè République, les rapports ne sont donc plus les mêmes que sous l’empire. La défense de Rome était unepréoccupation impériale. La IIIè République aura à coeur avant tout d’engager unelaïcisation de la société.
Pourquoi la tradition du Chanoine d’Honneur perdure-t-elle encore aujourd’hui pour les présidents français, et en quoi est-elle symbolique des liens historiques entre la France et le Saint-Siège ?
On dira qu’il s’agit d’une scorie de l’Histoire ! Il en faut aussi !
En quoi l’héritage des relations franco-pontificales des siècles passés influence-t-il encore aujourd’hui la diplomatie entre la France et le Vatican ?
Je doute que les relations passées influencent encore la diplomatie actuelle, tant les enjeux ont évolué. On appelait le roi de France, le Roi Très Chrétien ! Les fonds baptismaux de la République française reposent sur la laïcité !