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Une reconfiguration des relations dans un contexte de modernité (1789 - 1905)

     Entre 1789 et 1905, les relations entre la France et le Saint-Siège traversent une profonde mutation, marquée par des ruptures, des compromis et des oppositions croissantes. La modernité, avec l’émergence de la souveraineté populaire et des régimes laïques, bouleverse le rapport entre l’État français et les États Pontificaux, redéfinissant les contours de leur interaction.

 

La Révolution française constitue un tournant majeur dans les relations entre la France et le Saint-Siège. Dès 1789, la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen affirme la primauté de la nation sur toute autorité transcendante. Ce principe conduit à une série de mesures qui ébranlent le catholicisme en France. En 1789, l’Assemblée constituante confisque les propriétés ecclésiastiques pour combler le déficit public. Cette décision provoque une rupture matérielle et symbolique avec Rome, privant l’Église de ses ressources traditionnelles. En 1790 la Constitution civile du clergé voit le jour. Ce texte place les prêtres sous l’autorité de l’État, exigeant d’eux un serment de fidélité à la nation. Cette mesure entraîne une scission entre les prêtres "jureurs", fidèles à la Révolution, et les prêtres "réfractaires" restés fidèles au pape. S’ajoute à ça, durant la Terreur de 1793 à 1794, une hostilité anticléricale qui culmine avec pour preuve la fermeture des églises, la déchristianisation de certains monuments et des persécutions faites contre le clergé.
     Ces événements marquent une rupture radicale avec le Saint-Siège, qui condamne fermement la Révolution et ses atteintes à l’Église.

 

Avec l’arrivée de Napoléon Bonaparte au pouvoir en 1799, une volonté de réconciliation émerge. Le Concordat de 1801, signé avec le pape Pie VII, constitue un compromis visant à réorganiser la pratique religieuse en France tout en maintenant un contrôle de la part de l’État. Le Concordat marque ainsi une étape de pacification, mais aussi de subordination de l’Église au nouvel ordre politique français.

 

Au cours du XIXe siècle, les relations entre la France et le Saint-Siège se détériorent à nouveau, en raison de la montée de la République laïque et de l’opposition de plus en plus affirmée entre l’Église et l’État.

Après la chute de Napoléon, les monarchies restaurées soutiennent l’Église, mais ce soutien est remis en question avec l’avènement de la Troisième République en 1870. Celle-ci adopte des politiques ouvertement anticléricales, reflétant l’influence croissante des idées républicaines et laïques. Les lois Ferry de 1881 et 1882 instaurent une école publique, gratuite, et surtout laïque, réduisant le rôle de l’Église dans l’éducation. De plus, la loi de 1886 exclut les congrégations religieuses de l’enseignement public, provoquant la colère du Saint-Siège.
     La loi de séparation des Églises et de l’État, adoptée en 1905, met un terme au Concordat de 1801 et marque la fin officielle des relations institutionnelles entre la France et le Saint-Siège. L’État devient neutre en matière de religion, garantissant la liberté de culte mais cessant de subventionner l’Église.

     

     Ainsi, entre 1789 et 1905, les relations entre la France et le Saint-Siège évoluent profondément. Cette période illustre la difficulté de concilier modernité politique et héritage religieux, redéfinissant durablement le rôle de l’Église dans une société en quête de liberté et d’égalité. Les liens historiques entre la France et le Saint-Siège ne disparaissent pas pour autant, mais prennent une forme nouvelle, adaptée au cadre républicain et laïque.

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